Le confinement est-il une bonne idée en Turquie ?

Traduit par Nurcan Kılınç

Depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus, est débattue l’utilité du confinement annoncé par les États. En Turquie, l’État est – pour l’instant – indifférent face à ce débat qui est d’actualité en Turquie. 

Bonjour, bonne journée. Dans son blog, d’aujourd’hui, Murat Yetkin a écrit que pour pas que la Turquie vive le même destin que l’Iran et l’Italie, il est nécessaire d’établir un confinement au moins dans certaines régions, au plus vite. Depuis bien longtemps tant des experts que de simples citoyens émettent leurs avis sur le sujet. Les exemples que nous avons dans le monde sont concrets. Le plus pertinent est premièrement la Chine, puis l’Iran et l’Italie. Lorsque nous analysons ce qui a été fait, n’a pu être fait et fait en retard, le confinement est une option, un choix nécessaire. Il est prétendu que les pays qui appliquent durement le confinement font succès, mais l’Italie, où chaque jour le nombre de morts est plus important que la veille paraît être un cas exceptionnel. Cette situation en Italie peut s’expliquer par le retard dans l’intervention, mais des signes et des résultats confirment que le confinement a permis de ralentir la propagation de l’épidémie. Les nouvelles en provenance des pays asiatiques vont en ce sens. Maintenant si nous regardons la situation en Turquie, petit à petit nous sommes passés de un à deux, de deux à trois morts et le nombre a atteint 21 hier soir – avec le décès de 12 patients en une journée. Le nombre le plus élevé a été atteint hier – dans les tests d’hier, nous voyons que le nombre de tests est inférieur à celui de la veille. Hier parmi les 3 000 tests effectués, 277 cas positifs ont été découvert, et 12 personnes ont perdu la vie. Le nombre de cas positif a atteint 947 et le nombre de morts 21, ce chiffre est-il effrayant ? À mon avis oui, mais si l’on regarde les chiffres à travers les exemples du monde ce chiffre est peu important. Mais le problème est que le nombre de tests fait en Turquie est peu élevé. Si le nombre de tests effectué se répand, le nombre de cas positif, de personne infectés par le virus augmentera de façon exponentielle. L’un des sujets les plus fréquemment mentionnés dès le début est la réalisation des tests, sa diffusion et que l’État les fournisse gratuitement. Dernièrement, hier soir, la fondation des médecins turcs a lancé une campagne de ce genre. En Occident aussi, et aux États-Unis notamment, c’est l’une des questions la plus abordée et une des promesses du Président Trump. Par conséquent, il me parait tout à fait raisonnable de demander en Turquie à ce que ces tests se diffusent et se fassent gratuitement. Il faut déterminer rapidement la phase dans laquelle il est, et mettre en quarantaine les personnes dépistées. Actuellement, durant cette période de dépistage des personnes testées positifs, l’État veut que nous nous mettons en quarantaine par nous-même, que nous ne sortions de chez nous. Cet appel a lieu d’être, mais il est important de souligner que là, nous avons un État qui nous confie directement la responsabilité. C’est-à-dire que le Président Erdoğan nous prie seulement de ne pas sortir. Dans ses déclarations à la suite depuis mercredi – qui selon moi sont faites en retard – ils appellent les gens à ne pas sortir dans les rues, de ne pas fréquenter des lieux publics, et demande aux personnes âgées de faire attention. Mais que s’est-il passé ? Depuis hier, l’État a imposé des restrictions importantes aux personnes de plus de 65 ans et ceux atteintes d’une maladie chronique. Nous sommes ainsi face à un État qui dans un premier temps demande à la population de prendre les restrictions nécessaires, et puis qui apportent lui des restrictions. Il est évidemment question d’une perte de temps. Nous avons pu voir cela dans différents cas, dans le cas des lieux de divertissement collectif, des écoles, des événements sportifs. C’est toujours un état d’hésitation, un état d’attente, puis une restriction apparaît lorsque les choses prennent une tournure sérieuse. Dernièrement, dans les restaurants, il a été décidé de retirer les chaises. Tout ceci s’est fait progressivement, mais nous ignorons à quelle intensité le virus s’est propagé durant ce laps de temps, lorsque les restaurants, les cafés, les lieux publics étaient toujours ouverts. Après une certaine étape, il ne sera pas possible de comprendre comment une personne a pu être contaminée et où est-ce qu’elle l’a été. 

Concernant le confinement, pourquoi est-ce qu’il y a une hésitation là-dessus ? La principale raison de cette hésitation est probablement économique. Dans une telle situation, l’économie du pays risque sérieusement de s’interrompre, et se pose alors la question « la Turquie peut-elle faire face à cela ? ». Il est évident que la Turquie ne soit pas capable de faire face à cela, car la Turquie était déjà dans une situation de crise économique, avant l’apparition de cette pandémie. Nombreux pays occidentaux prennent des mesures nécessaires faces aux conséquences qui peuvent découler de la décision de confinement, notamment afin de prévenir les besoins des citoyens, la baisse des revenues, voire la perte de revenue. Ils annulent le paiement des factures, il y a même des pays qui donnent ou envisagent de donner de l’argent à leurs citoyens. Or chez nous, jusqu’à présent – concernant les factures de gaz ou d’électricité par exemple – l’État ne s’est engagé, ou disons a accordé le seul « privilège » de les payer en ligne. Il n’y a une annulation de celles-ci – du moins à l’heure actuelle – peut-être que nous arriverons à cela un de ces quatre. Le problème fondamental en Turquie paraît être avant tout économique. Cependant, dans un environnement dans lequel on conseille aux gens de ne pas sortir, sans déclarer un confinement les affaires s’entremêlent, car il est demandé à de nombreux employés de travailler. Cependant certains ne veulent pas, il y a des secteurs d’activités pour lesquels le télétravail est possible, mais ce n’est pas possible pour tous les secteurs. Pour ces derniers, appelant leurs employés à poursuivre leur travail. Les employés se rendent à leur lieu de travail en navette ou en transports public, et sont confrontés au risque d’être contaminé soit sur leur lieu de travail ou dans les transports – telle est la situation à laquelle nous sommes confrontés. Nous évoquerons plus sérieusement ce sujet à compter de lundi, quelles entreprises appellent leurs employés et lesquelles ne le font pas, quelles sont les conséquences de ce qui ne travaillent pas ? Car à beaucoup d’endroits, on entend dire qu’il y a des entreprises qui veulent compter cela comme un congé non payé, ou alors les considérer comme un congé annuel, c’est-à-dire leur absence sera déduite de leur congé payé. Dans cette situation, il est nécessaire d’assurer aux employés qu’ils ne perdront aucun droit en cas d’absence. Qui va faire cela et comment ? L’État a jusqu’à présent, seulement demandait aux employeurs de ne pas licencier les employés. Un autre point est, bien sûr, les employés journaliers, les travailleurs de rue, leur situation est bien plus différente, et beaucoup plus difficile, nous pouvons ainsi voir que cette épidémie affecte différemment les personnes selon leur classe sociale. De fait, lorsque la question du confinement se pose, il est utile de prendre en compte tous ces paramètres. Comment s’assurer que les personnes qui ne sortent pas ne perdent pas de revenus ? Comment préserver la santé des personnes qui ne sortent ? Comment assurer leurs besoins ? Il faut prendre en considération tout cela. Ce n’est pas des problèmes qui ne peuvent être résolus, mais les messages provenant d’Ankara jusqu’à présent, démontrent qu’ils ne sont pas pressés à ce sujet. On peut même voir que le ministre de l’Intérieur et certains journalistes ont rapidement lié la proposition de confinement aux Gülenistes, ce qui est une chose étrange. Bien sûr, les Gülenistes peuvent essayer de profiter de la mauvaise situation, comme dans de nombreux cas. Mais un grand État devrait être capable de distinguer une conspiration güleniste, des craintes et exigences des citoyens, de leurs attentes. Les explications rejettent cela, ceux qui les considèrent équivalent aux Gülenistes n’ont aucune crédibilité. Alors est-ce que le confinement est nécessaire ? À mon avis oui. Notamment à Istanbul où la situation représente un grand risque – dans la mesure de nos connaissances, même si les déclarations faites ne sont transparentes. Nous savons, voyons, entendons d’une manière qu’une grande partie des cas sont à Istanbul, et dans les rues d’Istanbul – nous l’avons vu hier, j’espère que ce ne sera le cas aujourd’hui – les gens profitent comme si de rien n’était. Ils ne travaillent pas, mais continuent à mener leur vie sociale. Le nombre de personnes ne respectant ce qu’on appelle la distance sociale était fort important. Nous ne pouvons tenir comme responsable les personnes âgées de plus de 65 ans – comme s’ils étaient responsables de tout. Les personnes âgées de plus de 65 ans, qui sont au courant de la chose, de l’importance du risque ne sortent pas. Parmi ces personnes, il ne faut pas oublier qu’il y a ceux qui n’ont pas de proches pour prendre soin d’eux, et un arrangement doit être trouvé à leur sujet. Face à cette question du confinement, il y a les impassibles – cette impassibilité n’est pas réservée à la Turquie, par exemple en France le ministre les a clairement définis comme « des fous, des idiots » – c’est-à-dire que malgré l’insistance, il y a ceux qui sortent dans la rue et qui pensent faire des actes héroïques, comme si de rien n’était. C’est le cas en France, en Turquie et ailleurs aussi. Mais cela doit cesser, car malgré toutes les nouvelles, il y a une tranche de la population qui ne prend pas la chose au sérieux, ne la considère pas comme importante. C’est à cause de ces personnes, qui s’en moquent, qui ne prennent pas la chose au sérieux, ou qui se basent sur des équations infondées du types c’est à partir d’un certain âge que des conséquences sont observables, que la propagation du virus peut s’accélère. La Turquie peut prendre les mesures nécessaires, notamment là où la situation est critique – dont Istanbul en fait partie – ce qui peut se faire avec une certaines réglementations. L’État ne l’a pas fait jusqu’à présent, peut-être qu’il attend quelques choses, il y a sûrement des informations qu’ils ne nous dévoilent pas, ou peut-être qu’ils ne pensaient pas que cet événement aurait pris une telle ampleur. Ils ne pensaient pas que la Turquie pouvait devenir comme l’Italie ou l’Iran, j’espère que c’est le cas et qu’ils ont raison. Et bien sûr, il y a un autre aspect : l’aspect moral. Le confinement est perçu comme une faiblesse, que ça démontre que les États sont impuissants, ils peuvent penser qu’une telle perception peut se produire. C’est peut-être le cas, mais comme de nombreux États ambitieux dans de nombreuses régions du monde qui sont en train de le faire, qui ont été contraint de le faire, il n’y a rien de mal à le mettre en place. Rappelons-nous que dans ce pays, à diverses occasions des confinements et couvre-feux ont été imposés. Jusqu’à récemment, dans notre pays, un confinement s’imposait même pour le recensement. Durant mon enfance, je me souviens du couvre-feu établi lors du 12 mars, par exemple, des couvre-feux étaient établis pour une prétendue lutte contre le terrorisme. Des couvre-feux étaient aussi déclarés lors des coups d’état, etc. Alors que l’État impose des couvre-feux pour des raisons politiques ou pour le recensement, alors que d’autres mesures pouvaient être envisagées, dans une période qui concerne la santé publique, je ne pense pas qu’il soit très correct que cela soit tenu à l’écart de la politique. C’est-à-dire que n’est pas une chose à laquelle l’État turc n’a jamais eu recours, et dans tout ce qui a été vécu jusqu’à présent, les couvres-feux avaient pour objectifs de préserver la survie de l’État – dit officiellement. Cependant actuellement, ça va bien plus loin, il est question de la survie du pays et de la population, il s’agit de la santé, et cette option doit être sérieusement envisagée. Les spécialistes émettent des avertissements très sérieux à ce sujet, et soutiennent cela depuis le début en Turquie, depuis l’étranger, en général pour le monde entier, et spécialement pour la Turquie. Par exemple, nous avons dernièrement fait une émission hier, depuis Boston, Emrah Altındiş – qui est l’un des spécialistes du sujet en Turquie – a déclaré que la Turquie – notamment dans les villes infectées – devait envisager le confinement. Il est utile de discuter sérieusement de ce sujet, et non pas de l’associé aux Gülenistes, car toutes les choses soulevées et exprimées jusqu’à présent ont été appliquées par l’État, mais en retard. L’exemple des matchs de sport est un exemple clair et la déclaration faite hier par l’équipe de basket-ball Fenerbahçe-Beko est évidente. Si cela aurait été anticipé, il aurait été possible de surmonter ceci avec beaucoup moins de dégâts et plus calmement. Tandis que les retards pour une raison ou une autre peuvent augmenter le prix à payer. Par conséquent, il est utile de discuter sincèrement du confinement avec les experts, et de le garder à l’ordre du jour comme une option possible. En tant que citoyen, je pense que cela pourrait être vrai. Je peux me tromper, je ne suis ou les gens comme moi ne sont les décideurs. Mais en réalité, le gouvernement doit écouter les experts et doit rapidement se décider sur un choix clair. Si une chose doit être faite, il est utile de le faire au plus vite. Pour tout retard, comme nous l’avons vu par le passé, nous perdons quelque chose à chaque pas franchi, un plus grand nombre de nos citoyens peuvent être infectés par le virus, et avoir la vie en danger. Oui, c’est tout ce que j’ai à dire, bonne journée. 

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