De Fahrettin Koca (le Ministre de Santé) à Fatih Terim (l’entraîneur de Galatasaray) : la réalité du coronavirus en Turquie

Traduit par Nurcan Kılınç

Bonjour, j’avais annoncé que je ferai une émission sur Fahrettin Koca, le Ministre de Santé. Malgré les quelques jours de retard, je vais traiter cette question aujourd’hui – mais en ajoutant Fatih Terim, l’entraîneur de Galatasaray. Car maintenant, l’actualité de la Turquie est focalisée sur Fatih Terim, plus précisément ceux qui ont été testé positifs – les personnes malades. Il y a ceux qui luttent pour survivre, il y a ceux qui ont perdu la vie, et bien sûr, il y a des milliers, voire des dizaines de milliers de nos concitoyens qui peuvent d’être contaminé du coronavirus. Et un processus incertain qui nous attend.

Concernant Fahrettin Koca, lors de l’émission que j’ai fait durant les premiers jours, je faisais partie de ceux qui l’appréciaient pour son calme, son style inclusif et sa maîtrise du sujet parce qu’il était médecin. Puis, après avoir regardé la conférence de presse d’hier, j’ai une fois de plus réalisé que l’optimisme a ses limites, qu’ici, c’est la Turquie, et qu’en Turquie ce qui est bon ne reste impuni, que ceux qui sont biens sont empêchés. Je ne suis pas le seul à constater cela, des collègues tels que Murat Yetkin et Kemal Can ont également souligné cela – il y en a d’autres sûrement, il se peut que je ne les ai vu.

Hier lors de la conférence de presse, nous avons pu voir que la zone qui lui était circonscrite se rétrécie. Il y a eu des remerciements, de la gratitude adressée au Président qui s’est mis en arrière-plan et qui est peu visible, mais surtout au ministre de l’Économie Berat Albayrak. La raison de cela est incompréhensible. À savoir que l’argent qui est utilisé – dont nous avons quelques informations sur les dépenses – n’est l’argent personnel de quiconque. C’est la valeur commune, le trésor commun du pays et un débat très sérieux sur le retard existe. Il a ignoré les discussions et a dit que tout était sous contrôle – comme vous savez, le ministre de l’Éducation, Ziya Selçuk, avait dit aux étudiants, lors de la première leçon en ligne, que l’État contrôlait tout. Je vous laisse juger cela. Mais je peux dire que nous en sommes pas très sûrs, du moins personnellement, je n’en suis pas sûr. Bien sûr que l’État fait des choses. Mais j’ai de sérieuses doutes quant à savoir si la Turquie pourrait empêcher de devenir une l’Italie, ou une l’Espagne – j’espère me trompe.

La question du confinement que j’ai évoqué lors d’une émission précédente est toujours suspendue. Bien que les personnes suggérant cela, ne sont plus accusés d’être Gülenistes, autant qu’ils l’étaient, mais le ministre propose à chacun d’établir leur état d’urgence. Dans le cas de Fahrettin Koca, le fait qu’il s’adresse d’une manière différente, sans polariser, a pu nous montrer qu’il pouvait être un homme politique bien différent. C’est un profil qui manquait à la population turque. Cela semble avoir causé une gêne, nous ne l’avons pas vu changer de style, mais il a fait un effort pour passer au second plan, un effort pour se rendre insignifiant. C’est mauvais. Essayer de reproduire la structure autoritaire du pouvoir politique, dans la situation actuelle en Turquie, me parait impossible, ce sont des efforts en vain.

Dans des circonstances normales, des noms comme Fahrettin Koca devraient croître. Pas seulement les ministres, les maires, les personnalités de la société civile et des institutions devraient être mis en avant, car c’est un processus assez difficile. Ça ne peut se résoudre par les disputes, ou l’entêtement. Des nouvelles extraordinaires proviennent des quatre coins du monde – principalement négatives. Les nouvelles, les analyses, et les prévisions annoncées sont très démoralisantes à court, moyen, et même à long terme. Dans ces temps, il faut cesser l’entêtement, et la Turquie doit s’unir et surmonter cela calmement. Mais nous apercevons qu’il y a toujours une course afin de s’emparer d’un rôle. Et il y a des doutes sur ce que ces personnes en concurrence font et comment ils le font. 

La Turquie a été prise au dépourvu par cette épidémie. C’est-à-dire qu’elle était déjà fasse à un certain nombre de problèmes, et notamment économiques. Et à cette période, les États les plus puissants, qui ne sont pas confrontés à ces problèmes, ont vécu un choc grave. En conséquent, il parait très difficile que la Turquie achève ce processus avec un minimum de dégâts. Des personnes conscientes de cette difficulté doivent renoncer à leur élocution, leur obstination, leur haine – comment dire – leur égo, les laisser de côté et ouvrir la voie à ceux qui font leur travail ou ceux qui veulent le faire. Ils ne doivent pas créer des obstacles implicites ou explicites, directs ou indirects. 

Pour autant que nous avons vu, Fahrettin Koca optera pour un profil plus discret. Si un problème apparaît, probablement, lui et les experts en la matière seront tenus pour responsables principales. Et s’il y a une réussite apparente … Quand est-ce que nous allons comprendre que les affaires vont mieux ? Nous le comprendrons lorsque des noms peu visibles de la scène, réapparaissent lentement, à plusieurs reprises, feront des déclarations à l’écran, tiendront des conférences de presse. À ce moment-là, nous verrons que les personnes ayant endossé le fardeau seront repoussées aux seconds plans. 

Il y a de nombreux commentaires sur la stratégie suivie actuellement par la Turquie. Premièrement, je pense que le traitement réservé aux agents de santé, qui supportent la charge la plus importante durant ce processus est insuffisant. Bien sûr qu’en termes de solidarité les applaudir à 21h est une bonne chose. Mais il est gênant que les paiements qui leur sont faits, les salaires ou les primes qui leur sont versés soient exprimés comme une sorte de perte, même si cela s’échappe de la bouche d’une personne. Ils méritent bien plus, ils exercent un métier assez risqué. Partout dans le monde, dans ces moments-là, cela est visible. Des nouvelles en provenance de l’Iran, la Chine, de l’Italie, et à d’autres endroits nous informe des agents de santé, des médecins, ou aide-soignantes qui ont perdu la vie ou qui ont été contaminé au cours de la lutte contre l’épidémie. En cette période, ils font un travail dévoué. Je pense qu’ils ne reçoivent pleinement ce dont ils méritent, ils ont de nombreuses plaintes et attentes. Ils expriment leurs besoins – même s’ils gardent leur anonymat – ils le font par le biais de leur établissement. Est-ce qu’une réponse convaincante a été donnée à cela ? Je n’en suis pas sûr. Lors de la conférence de presse d’hier, le ministre Fahrettin Koca n’a pas évoqué le sujet. Il a seulement dit que tout été sous contrôle, mais dans quelles mesures est-ce sous-contrôle ? J’ai des doutes. 

L’autre question est évidemment celle des personnes âgées. Une telle image est apparue et nous avons l’impression ces personnes âgées causent cette maladie, cette épidémie. Comme si sans eux, aucun de nous allait en souffrir, tout allait être rose. Il n’y a rien de tel. Il est mal de vouloir tenir comme responsable ces personnes âgées. Ce n’est peut-être pas le but de ceux qui ont imposé ces restrictions. Mais dans toutes les sociétés, partout dans le monde, comme ici en Turquie, malheureusement, la chose malfaisante se diffuse très rapidement et largement. Et les personnes âgées sont devenues les boucs émissaires de cet événement. 

Maintenant si nous revenons sur le point que j’ai évoqué au début – à Fatih Terim. Je m’en souviens de ces jours, avant le match face à Beşiktaş. Supporter de Galatasaray et possédant une carte annuelle, j’ai beaucoup débattu avec mes amis, et interrogé sur « Allons-nous voir le match ou non ? ». Car au départ, le match allait se jouer avec les supporters, puis un changement s’est annoncé et le match s’est joué à huis clos. Le président Mustafa Cengiz s’était énervé, et a dit ” Quitte à l’annuler au lieu de le jouer sans spectateurs”. Le match a bien eu lieu, mais sans goût et plaisir. Ça ne ressemblait pas aux vieux derbys. Ensuite, la déclaration de la Fédération de football a annoncé que les matchs se joueront à huis clos, puis leur annulation à la dernière minute. Les matchs ont été annulés, reportés comme partout dans le monde, d’abord pour l’équipe de basketball Fenerbahçe Beko, qui certes est une spécialité à part, mais sont tous dans le même bateau. Les fédérations se disent libres, mais dépendent toutes des instructions en provenance d’Ankara. 

Dans un premier temps, des mauvaises nouvelles sont arrivées depuis l’équipe de basketball Fenerbahçe Beko. Suivi des nouvelles de Galatasaray, d’abord avec Abdurrahim Albayrak et son épouse, puis Fatih Terim, qui ont été testés positifs. Des spéculations ont été émises concernant les assistants de Fatih Terim et certains journalistes testés positifs. Certaines ont été réfutées, d’autres n’ont été évoquées. Mais tout mis de côté, si ce match ne s’était pas joué, s’il n’avait jamais eu lieu, Fatih Terim et Abdurrahim Albayrak et les autres seraient-ils testés positifs ? Peut-être, nous ne savons où et comment ils ont été infectés – je suppose que cela ne sera détecté.

Mais je souhaite particulièrement dire que nous prenons du retard pour tout. Qu’une personne comme Fatih Terim – je sais que beaucoup de personnes ne l’apprécient pas, car c’est une personne dure – mais il faut reconnaître qu’il a gravé son nom dans l’histoire du sport en Turquie, plus en tant qu’entraîneur que footballeur – faut le préciser. Si la Turquie sacrifie un nom comme lui, pour une obstination étrange – il faut souligner que l’administration de son équipe à sa part dans l’entêtement – c’est l’un des exemples les plus frappants des lacunes qui existent. C’est ainsi que les choses se passent en général : pour des événements dont les gens se soucient peu, puis il arrive quelques choses à certaines personnalités célèbres. De telles nouvelles proviennent du monde entier : du NBA, des basketteurs, des sénateurs, des ministres, des cinéastes, de nombreux chanteurs, etc… et ceux-ci montrent la gravité de l’événement. Si seulement, les choses ne se passaient pas comme telles.

Fatih Terim a émis une publication très sereine sur les réseaux sociaux. J’en suis persuadé qu’il parviendra à battre cela comme beaucoup de choses qu’il a battu. Mais nous avons également vu comment l’une de ses filles – l’autre était plus calme – a maudit sur les réseaux sociaux. Car ces choses ne peuvent être facilement acceptées. Et nous avons malheureusement en Turquie une réalité qu’est : Fatih Terim et les autres ne sont pas sur le même pied d’estale. Ce que nous avons pu comprendre des déclarations du Ministre, dorénavant, nous parlons d’une épidémie qui englobe l’ensemble de la Turquie. Et plutôt que ceux qui ont été en contact direct avec l’étranger, nous évoquons ceux qui ont été en contact avec ces derniers. 

Dès lors une grande parenthèse doit être ouverte sur la Présidence des affaires religieuses. Il est bien beau de prier tous les soirs, tous ensembles pour les personnes malades. C’est admirable, mais le fait que le président des affaires religieuses dirige la prière du vendredi, comme s’il s’entêtait ou très confiant de lui-même. Suivi du premier groupe rentrant de la Oumra (le petit pèlerinage) qui ont été mise en garde et autorisés à rentrer chez eux. Mais l’événement a été repris en main à la dernière minute… De fait, nous pouvons même remonter au début. Le fait que dans une telle période, la Oumra n’ait pas été reportée, du moins que cela n’a été mis à l’ordre du jour, etc. Tous ces éléments ensemble, nous prouvent que les Affaires religieuses ont leur part de responsabilité dans ce qui se passe actuellement en Turquie. 

Il se peut que la Turquie mène une lutte efficace contre l’épidémie. Mais le retard dans de nombreux domaines, dans la prise de décisions – comment dire ? – donne lieu à des dégâts irréparables. Par exemple en Angleterre, le confinement a finalement été annoncé. Les Pays-Bas indiffèrent au départ, ont finalement pris des mesures. Bien sûr que ce n’est pas simple. Mais cela en va de même partout dans le monde. Par exemple, actuellement aux États-Unis, des discussions ont lieu. Trump semble être contre l’enfermement les gens dans leurs maisons par l’État. Mais on ne sait pas de ce que l’avenir est fait. Il y a une confusion partout dans le monde qui entraîne toujours des pertes. 

La Turquie doit rapidement se décider, savoir ce qu’elle fait, et partager cela de manière transparente avec la société, les représentants de la société. Mais elle doit le partager clairement avec le grand public, et tout en leur attribuant une responsabilité, elle doit assumer elle-même certaines responsabilités. À ce stade, le travail est imputé à certains technocrates, comme le ministre de la Santé, qui est plus un technocrate qu’un politicien, dans une certaine mesure sur le ministre de l’Éducation nationale – sa situation n’est pas directement liée à la vie humaine, mais quand même – et sur un grand nombre de citoyens, de personnes. Nous sommes confrontés à un tel fait. Oui, c’est tout ce que j’ai à dire. Passez une bonne journée.

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