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Les détails du parti d’Ali Babacan

Traduit par Cem Taylan

Ali Babacan a enfin démissionné de l’AKP. C’est Kemal Öztürk qui, pour la première fois, avait mentionné sur ce plateau la possibilité de cette démission. Ainsi comme il l’avait prévu, Ali Babacan a démissionné aujourd’hui de l’AKP par une lettre publique. Il règle les dernières formalités pour créer son propre parti. Dans cette émission je tiens à expliquer ce qu’ils ont fait, ce qu’ils font et ce qu’ils comptent faire. J’ai rencontré des personnels du comité de Babacan. Ils ne veulent pas donner leur nom, mais ce sont des personnes que je connais. Et je sais qu’ils sont très proches de Babacan. 

Premièrement, ils disent qu’ils ne vont pas tarder à créer le parti. Ils mettent l’accent sur deux sujets. D’abord sur les problèmes majeurs de la Turquie de 2019, ils préparent une série de propositions, tel un programme de parti, afin d’améliorer les conditions du pays. En second lieu, ils recrutent un personnel politique capable de mettre en place ces mesures. Ils parlent de ressources humaines pour parler de ce recrutement, on peut en déduire qu’un langage de gestionnaire sera utilisé dans le parti. Ces deux phénomènes se développent depuis un certain temps, ce qui veut dire qu’ils ne vont pas tarder à créer le parti. 

Une forte ambition tempérée par une grande prudence

Qui en fait partie ? Ils ne veulent pas se prononcer. Mais on peut d’ores et déjà deviner certains noms. On connaît déjà Ali Babacan. On sait qu’il y a des anciens ministres et députés qui ont eu une carrière politique à l’AKP à différentes époques. Mais ils ne veulent pas révéler ces noms pour l’instant afin d’éviter toute confusion avec l’AKP. Ils prétendent que des personnes n’ayant jamais travaillé pour l’AKP, provenant de milieux sociaux diversifiés et ayant différentes idéologies seront à l’origine de ce parti. Quand on leur demande des noms ils nous répondent qu’ils préfèrent garder le silence afin d’éviter toutes pressions émanant du pouvoir. Mais ils sont ambitieux, à tel point que, lorsque j’ai demandé à l’un d’entre eux comment se passait le recrutement, il m’a répondu que chaque personne contactée jusqu’à présent a été favorable pour rejoindre ce nouveau parti. C’est une réponse très ambitieuse. Si cela est vrai, le tableau qui va en sortir va être très intéressant. 

Il est aussi dit que des académiciens et hommes d’affaires qui vivent actuellement à l’étranger vont participer à ce nouveau parti. Qui va revenir en Turquie pour rejoindre ce parti et comment ? Ce sont probablement des personnes qui n’ont jamais eu de carrière politique, des technocrates que Babacan a rencontré ou a travaillé avec lorsqu’il était vice premier ministre et qu’il avait de grandes responsabilités économiques. Ce sont très probablement des personnes qui travaillent dans les domaines de l’économie et de la gestion. Mais au delà de cela, ils mettent particulièrement l’accent sur la diversité des profils dans le parti. Personne n’a nié le fait que les kurdes auront leur place dans ce nouveau parti. Ils sont confiants sur l’intégration de personnes kurdes dans le parti. Dans les dernières explications écrites de Babacan, un paragraphe est dédié aux droits de l’homme où il est fait allusion aux kurdes. Concernant Abdullah Gül, ils m’ont répondu sans hésitation qu’il allait être « le guide du parti ». On peut en déduire qu’il ne sera pas un membre actif du parti. Moi je vois sonr rôle comme celui du « vieux sage » , d’autres le voient comme un grand frère, ou bien un mentor. Dans tous les cas l’idée qui en sort est que ce parti va être le parti d’Abdullah Gül. A travers ce parti, Abdullah Gül va prendre sa revanche sur Erdogan. 

Des similitudes avec l’ANAP

J’ai expliqué tout à l’heure qu’ils voulaient éviter d’être comparé à l’AKP. Or l’idée d’une deuxième ANAP (ndt : Parti de Turgut Ozal fondé dans les années 80 qui prétendait réunir toutes les tendances politiques) est très discutée, en raison de leur discours qui les range dans la catégorie des partis attrape-tout. J’ai également comparé ces deux partis. Cependant ces comparaison les mettent mal à l’aise. Parce que la Turquie à l’époque où l’ANAP a été crée et la Turquie d’aujourd’hui sont très différentes; ils estiment qu’ils sont en adéquation avec la Turquie contemporaine et qu’ils sont capables d’apporter des solutions aux problèmes actuels, et ne souhaitent pas être comparé à des anciens partis. On comprend ainsi que ce nouveau parti va profiter des expériences vécues pendant les périodes de l’ANAP et de l’AKP. 

Comment vont-ils le faire ? Comment vont-ils se distinguer? C’est une question qui suscite beaucoup d’attention. Les personnes dont on connaît déjà le nom ont presque toutes un passé avec l’AKP, ce qui ne fait que confirmer les prévisions d’un deuxième AKP ou ANAP.

Cela est également valable pour le parti de Davutoglu. Dans le camp de l’opposition, l’idée que ces deux partis sont en lutte est présente. On parle aussi du fait que les dirigeants de ces nouveaux partis ont auparavant contribué au gouvernement AKP, un recrutement de nouvelles personnalités est donc indispensable, ainsi qu’une révision du discours traditionnel. Dans quelle mesure vont-ils réussir cela ? Je me pose beaucoup la question. Parce que quand je pense à l’époque où l’AKP a été créé, je me souviens qu’ils avaient promis de recruter des personnels politiques en se détachant du Refah Partisi (ndt : Parti d’Erbakan dont est issu l’Akp). Or ce ne fut pas vraiment le cas. Peut-être que cette fois-ci Ali Babacan a utilisé ses connexions extérieures pour recruter un nouveau personnel politique sans lien avec l’AKP, nous allons le voir. 

J’ai posé des questions sur Davutoglu. Ils ne sont clairement pas des coéquipiers, et il ne me semble pas qu’ils le seront. Mais je n’ai pas rencontré une personne qui prend cela comme une reproche à Davutoglu. On entend souvent dire la chose suivante: « Nous avons du respect pour Davutoglu. Mais nos façons de faire de la politique sont très différentes. Il est très peu probable que nos approches aient des convergences ». Il me semble que Davutoglu est plus islamiste que l’équipe d’Ali Babacan qui cherche à manier un nouveau langage. De ce fait on peut faire une allusion aux années Özal. 

Ils prétendent trouver des solutions pour éviter que la Turquie se retrouve dans la vague populiste présente dans le monde, ainsi que l’extrême droite. Ils expriment également leur volonté de s’occuper entièrement de la question de l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Comment vont-ils adopter un langage non-populiste ? Tout en se positionnant contre le populisme occidental, ils risquent d’adopter un discours du même genre. 

L’Economie, atout maître de Babacan

J’ai demandé quelques noms mais ils ne veulent pas se prononcer dessus. Mais d’après ce que j’ai compris Mehmet Simsek se positionne proche de ce mouvement. Je ne sais pas s’il en fera partie ou pas. Je sais qu’il est actuellement dans le secteur privé. Je sais aussi que le gouvernement tente de regagner Simsek. Mais les rumeurs disent que Simsek n’est pas favorable à rejoindre le camp du gouvernement. Ainsi la possibilité que Mehmet Simsek et d’autres économistes importants comme lui collaborent avec Ali Babacan est très grande. 

Quel genre de parti politique se forme prenant en considération tout cela ? Étant un journaliste qui a observé la scission du Refah Partisi, j’observe que le même phénomène se répète aujourd’hui. Mais à cette époque, les personnels politiques qui se sont détachés du Refah Partisi occupaient tout de même des positions très actives dans le parti. Ils ont voulu transformer le parti de l’intérieur à travers leur succès, mais quand ils se sont heurtés à des obstacles pour changer les grandes lignes du parti, ils ont démissionné. Or les personnes en question actuellement- Ali Babacan, Abdullah Gül et les personnes qui collaborent potentiellement avec eux- sont des personnes qui sont marginalisées et exclues par Erdogan. Ils n’avaient pas une présence importante dans le parti. Ils auront donc plus de difficultés à créer ce parti. Mais ils ont clairement un avantage: avec la crise économique qui traverse le pays, le passé brillant d’Ali Babacan en matière économique augmente ses chances.

Babacan, candidat idéal de l’Occident ?

De plus Erdogan a une très mauvaise réputation sur la scène internationale, surtout en Occident. L’Occident est en recherche d’alternatives en Turquie. L’intérêt pour le CHP s’est accru, notamment depuis l’élection d’Ekrem Imamoglu. Mais l’hypothèse que l’opposition à l’AKP puisse naitre au sein même du parti est très présente en Europe. De ce fait j’estime qu’ils soutiendront un candidat comme Ali Babacan, un candidat qu’il connaissent déjà et en qui ils ont confiance grâce à ses succès économiques. Je ne sais pas si ce soutien sera explicite ou pas, mais il est sûr et certain qu’ils vont préférer Ali Babacan à Erdogan dans un premier temps. A ce que je sache Babacan va faire un séjour à l’étranger dans les prochains jours. Il va sûrement contacter des personnes pour expliquer le fond de son nouveau parti et demander leur soutien. Je ne pense pas qu’ill aura du mal à obtenir ce soutien. Dans le pire des cas, ce soutien ne sera pas explicite en premier temps les gens préférant attendre et voir. Néanmoins on peut constater que dans les milieux économiques, politiques et médiatiques européens, Erdogan à un désavantage considérable contrairement à Babacan. Mais cela seul ne suffit pas. Il faut que Babacan puisse mobiliser des groupes contre Erdogan en Turquie. 

Je voudrais enfin mettre l’accent sur la question des députés. On sait déjà qu’Erdogan réunit régulièrement les députés de son parti et les met en garde contre toute scission, cherchant à les retenir. J’ai posé une question sur cela et la réponse étant « Ce n’est pas le style d’Ali Babacan, nous ne cherchons pas des députés transfuges dans le Parlement. Cela étant dit, si des députés viennent nous voir pour nous rejoindre, nous ne les refusons pas. Un grand nombre de députés de l’AKP veulent nous rejoindre ». C’est clairement une réponse langue de bois.

Un dernier point: Ali Babacan a désormais quitté l’AKP après une déclaration publique. Or est-ce que ses collègues du nouveau parti vont faire la même chose ? Quand j’ai posé la question, quelqu’un m’a répondu : « Oui, nous allons démissionner. Mais nous n’allons pas le faire de la même façon que Monsieur Babacan. Nous ne voulons blesser personne. Nous pouvons démissionner directement et discrètement via internet. C’est ce que nous allons faire ». 

Aujourd’hui le départ est donné. Ali Babacan a démissionné Je pense qu’il va créer son parti dans quelques mois, peut être en Septembre, au plus tard en Octobre. De l’autre côté Davutoglu va prendre certaines initiatives après la création du parti de Babacan. Je le réitère: nous avons invité Ali Babacan et Ahmet Davutoglu sur notre plateau. Nous allons voir dans les prochains jours s’ils accepteront notre invitation. C’est tout ce que j’avais à dire. Bonne journée à tous. 

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